Fragments d'écriture ...
Mon île.
Une toute petite île au milieu du fleuve Saint-Laurent.
Après une virée utilitaire sur le continent, je retourne au bercail.
Pause sur le quai, le regard levé vers le ciel, les goélands me saluent de leurs cris tonitruants et de leurs virevoltes familières. Cela m’apaise peu à peu de l’agitation de mon escapade terrienne.
Embarquement sur le traversier Joe Deschênes, 20 minutes seulement me sépare à présent de mon havre de paix. Je me laisse bercer par les flots légers et réconfortants, une sorte de quarantaine me libérant des tumultes de la Rive nord.
Le débarquement s’amorce, je suis enfin de retour sur mon île. Le trajet en courbe frôle la rive insulaire. Il n’y a pas de lignes droites sur mon île, que des courbes. La courbe, représentation esthétique de l’harmonie, me guide élégamment vers mon repaire. Quelques ondulations plus loin, m’y voilà, dans mon antre, enfin chez moi.
De mon refuge, j’observe les oiseaux marins et les phoques gris batifoler gaiement, l’air de dire, « Loin des rives continentales, la vie est un petit paradis ». Je suis d’accord avec eux. Et que dire des marées qui battent la mesure de mes jours et de mes nuits. Elles accompagnent discrètement mes plus grandes joies et leur cadence immuable dilue mes plus profonds tourments. Elles colportent également des odeurs de varech enivrantes, me rappelant toute la puissance de la vie marine qui m’entoure.
Je me sens captive, portée et bercée par la démesure de ces eaux qui m’encerclent. Mon île me possède, je lui appartiens, je m’abandonne, j’y suis bien. Je me sais forte en son sein, je fais corps avec elle, tout naturellement.
Comme la marée, je m’en éloigne et la délaisse parfois, mais y retourne sans cesse y jeter mon ancre et m’y déposer, le temps de m’imprégner de tous ses secrets bien gardés. Infatigable, je les transporte ensuite jalousement jusqu’à mon île intérieure, à jamais.
Ancolie :)
Photo crédits: @ancolie